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Montpellier mobilisée face au changement climatique

L’avenir du bassin méditerranéen s’annonce bien sombre si rien n’est fait face au changement climatique, ont alerté les intervenants de L’UniverShifté 2025, l’événement national des Shifters, qui s’est tenu les 6 et 7 juin au Corum à Montpellier.

La Méditerranée est aux avant-postes du changement climatique. L’UniverShifté 2025, l’événement national de l’association The Shifters qui s’est tenue les 6 et 7 juin au Corum à Montpellier en présence de Jean-Marc Jancovici, le président de The Shift Project, a dressé un portrait bien sombre des risques qu’elle encourt d’ici 2050, si rien n’est fait pour les écarter. 

 « Aujourd’hui, le défi auquel nous faisons face est vertigineux. Il y a nécessité absolue de poursuivre et d’amplifier les engagements de l’accord de Paris », a martelé Michaël Delafosse, le maire de Montpellier et président de la Métropole, lors de son discours d’accueil aux participants, avant d’ajouter : « Il n’y aura pas de décarbonation réussie si nous n’embarquons pas tout le monde, les citoyens les plus éloignés de la transition écologique comme les acteurs économiques. » 

Hot spot de la biodiversité, la Méditerranée est déjà au cœur de nombreux défis, qu’illustre la multiplication des événements extrêmes : vagues de chaleur, sécheresses, incendies, inondations… « Vu de l’espace, les feux sont de plus en plus impressionnants », observe Thomas Pesquet, le spationaute français qu’avaient invité les shifters à leur toute première table ronde. 

C’est que les terres méditerranéennes se réchauffent 20 % plus vite que la moyenne mondiale. « En Méditerranée, les conditions vont devenir insupportables pour de nombreuses espèces. Tous les modèles montrent une amplification du changement climatique », alerte Isabelle Chuine, chercheuse en écologie, médaille d’argent du CNRS 2020 et créatrice de l’Observatoire national des effets du changement climatique sur les rythmes saisonniers du monde vivant

Les cycles biologiques sont en effet les premiers affectés, avec des printemps qui démarrent plus tôt, impactant déjà l’agriculture, rappelle l’agroclimatologue Serge Zaka, citant des floraisons qui, en étant de plus en plus en avance, sont exposées notamment aux gels tardifs. « Les températures dépasseront très régulièrement les 40°, les sols méditerranéens se dessèchent, ce qui provoquera des pertes de rendements », prévient-il.

Une menace d’autant plus prévisible que s’ajoute la problématique de la ressource en eau. « Le changement climatique bouleverse aussi les cycles de l’eau », confirme Marie‑Laure Vercambre, la directrice générale du Partenariat français pour l’eau. Et, plus généralement, le changement climatique accélèrera la « fragmentation du monde », avec des tensions qui monteront. « Tout ce que l’Europe avait surmonté nous revient en boomerang dans la figure », analyse l’amiral Pascal Ausseur, le directeur général de la Fondation Méditerranéenne d’Études Stratégiques. Et Serge Zaka de conclure : « La seule façon, c’est de réduire les émissions CO2. Si on perd nos végétaux, nos animaux, on se perdra nous-mêmes. »

Photo ©3M